UN LEGER REGAIN DE TENSION EN OCTOBRE
Le mois d’octobre est statistiquement un passage tendu pour les investisseurs, partagé cette année entre la saison de publication des résultats et l’approche des élections américaines. Les marchés ont montré une nervosité croissante, notamment en Europe. Toutefois, les indices américains restent bien orientés à l’image du S&P 500 qui s’adjuge +1,6 % en euros.
Côté européen, les résultats des géants ASML et LVMH, en demi-teinte, ont affecté les indices et freiné la dynamique haussière. Le CAC 40 termine en repli de – 3,7 % sur le mois et le STOXX Europe 600 accuse une baisse de – 3,3 %. La Banque centrale européenne a réduit ses taux directeurs de 25 points de base, portant le taux de dépôt à 3,25 % en réponse à la désinflation et au ralentissement de la croissance. Christine Lagarde n’a toutefois pas donné d’indication pour les prochaines étapes, ce qui a limité la réaction des investisseurs. Affectés négativement par la France et l’Allemagne, les indicateurs économiques confirment toutefois une modeste croissance de l’activité économique en zone euro, écartant le risque d’une récession imminente. En parallèle, Moody’s a maintenu la note de crédit de la France à Aa2 en abaissant la perspective de « stable » à « neutre », à l’instar Fitch plus tôt dans le mois. Bien que la France soit soutenue par des atouts structurels, l’atteinte de l’objectif de déficit de 5 % du PIB reste peu crédible aux yeux des agences.
L’économie américaine progresse de manière modérée selon le Beige Book. L’industrie manufacturière a reculé tandis que la consommation des ménages est restée mitigée, reflétant une certaine prudence à l’approche des élections. L’inflation se modère globalement bien que les prix de certains biens et services continuent de croitre. A quelques jours des élections, Donald Trump semble désormais favori des sondages. Si ce scénario se concrétise, il pourrait conduire à une politique budgétaire, commerciale et migratoire plus expansionniste, augmentant la hausse des déficits publics et de l’inflation. Les taux souverains américains ont récemment réagi à la hausse, et les investisseurs anticipent peut-être un tournant économique. Pour l’instant, la FED maintient son cap.
Sur fond de spéculations autour d’une possible victoire de Donald Trump et des déclarations récentes du Premier ministre japonais, le yen s’est affaibli en début de mois. Cette dépréciation, qui accentue l’inflation importée et réduit les salaires réels, a poussé le ministre des Finances à mettre en garde contre une spéculation excessive. De son côté, le gouverneur de la Banque du Japon a maintenu son principal taux directeur à 0,25 % et prévenu qu’une politique monétaire trop prudente pourrait intensifier la volatilité du yen. Le Japon entre dans une période d’incertitude politique après que la coalition du Premier ministre a perdu la majorité absolue à la chambre basse pour la première fois depuis 2012. Pour maintenir son pouvoir, le Premier ministre doit rallier certains membres de l’opposition qui prônent des politiques budgétaires plus expansionnistes. Les difficultés monétaires offrent en contrepartie un soutien aux indices actions.
En Chine, les récentes annonces de relance de l’économie ont attiré l’attention sur les indicateurs de croissance du T3-2024, révélant un ralentissement plus modéré qu’anticipé. Les données de septembre montrent une fin de trimestre en amélioration, avec un début d’impact des mesures gouvernementales. Ces mesures visent à atteindre les objectifs de croissance du gouvernement, mis en difficulté par une demande intérieure faible et un marché immobilier en crise. Comme attendu, la Banque populaire de Chine a abaissé ses taux directeurs de 25 points de base. Parmi les indicateurs à suivre de près, les données sur le crédit bancaire seront une clé de lecture de la conjoncture chinoise à venir. Les marchés chinois ont bénéficié d’un fort rebond récent avant de consolider, sans doute en prévision des potentiels impacts de l’élection américaine.
Au-delà de l’incertitude relative aux élections américaines, le risque géopolitique persiste, en particulier au Moyen-Orient, ce qui soutient la demande des investisseurs financiers pour les actifs « refuge » tel que l’or. La saison des publications n’est pas complétement terminée, mais il faudra désormais se concentrer sur le scrutin américain et ses répercussions sur les économies mondiales, en particulier sur la Chine et l’Europe. Nous pensons que la prudence récente ouvre la porte à une fin d’année plus constructive, comme les statistiques historiques le montrent avec des mouvements haussiers de fin d’année après les grandes élections américaines. Les allocations de fin d’année devraient être modérément repondérées avec la levée des incertitudes.