Edito

Un an après le début de la guerre

L’optimisme du mois de janvier se poursuit en grande partie grâce à la dynamique de croissance des pays développés. Malgré le léger recul des pressions inflationnistes, le combat mené par les banques centrales semble toutefois loin de son terme. En parallèle, le spectre d’une « guerre froide » refait son apparition.

A la date anniversaire du conflit entre la Russie et l’Ukraine, les tensions géopolitiques sont ravivées sur la scène internationale. Les discours tenus tant par les Etats-Unis et l’Europe, que par la Chine et la Russie, ne laissent pas pressentir une résolution du conflit sur le court-terme. À la suite de la conférence de Munich, le conflit a prit une nouvelle dimension face aux accusations des Etats-Unis quant à la potentielle volonté de la Chine d’envoyer des armes à la Russie. Les impacts sur les équilibres des matières premières seront à surveiller et constitueront un point non négligeable pour la trajectoire d’inflation.

Les données publiées aux États-Unis ont confirmé que la lutte contre l’inflation était loin d’être gagnée. Après leur ralentissement, les pressions inflationnistes sont en effet reparties à la hausse au mois de janvier. Toutefois, les ménages continuent de consommer et d’épargner. Le ralentissement de l’inflation et de la croissance attendu par l’institution semble dans ce cadre trop modéré pour envisager la fin du resserrement monétaire. Quant à l’homologue européen, la BCE a réitéré devant le Parlement européen sa volonté de relever ses taux de 50 points de base en mars. L’amélioration des perspectives ainsi que les risques sur l’inflation sous-jacente continuent de plaider en faveur d’une hausse des taux, permettant à l’institution d’atteindre des niveaux supérieurs à 3 %.

Au Japon, Kazuo Ueda a été désigné pour succéder à Haruhiko Kuroda au poste de gouverneur de la banque centrale. Dans ce cadre, son audition a particulièrement été attendue par le marché afin d’évaluer le profil du futur gouverneur de l’institution. Jugeant le redressement de l’inflation insuffisant, son discours aura finalement mis en avant le souhait de durablement maintenir une politique accommodante. S’il estime que l’inflation est en grande partie due à des facteurs externes tels que le prix des matières premières ou la faiblesse de la devise, Kazuo Ueda attend une dynamique tirée par la demande domestique avant d’opérer un changement notable dans la politique monétaire. Dans l’intervalle, la Banque du Japon continuera ses injections de liquidités et le second semestre devrait offrir davantage de visibilité.

Quant aux pays émergents, la situation évolue en ordre dispersé. En Inde, si l’inflation générale est revenue sur les niveaux cibles de la banque centrale, l’inflation sous-jacente continue d’accélérer. L’institution a alors de nouveau relevé ses taux, restant disposée à continuer sur cette lancée. Illustratif des effets de second tour dans une économie certes différente de l’Europe, la situation continue d’appeler à la prudence quant à une rapide rechute de l’inflation. Au Brésil, les propos de Lula quant à la cible d’inflation remettent à l’ordre du jour une polémique politique. A peine quelques temps après sa prise de fonction, Lula a en effet déjà formulé des critiques à l’égard du niveau des taux directeurs qu’il estime trop élevé, de la cible d’inflation qu’il juge trop rigoureuse, tout en remettant en question l’intérêt de l’indépendance de la Banque centrale. Notons néanmoins que la poursuite du resserrement monétaire dans les pays développés contraint dans une certaine mesure les banques centrales des pays émergents à travers le risque lié au taux de change. Enfin, en Chine, les dernières données témoignent d’une légère accélération de l’inflation, toutefois toujours inférieure au seuil de la banque centrale. Par ailleurs, les fêtes du Nouvel An chinois ne semblent pas avoir provoqué un rebond marqué des contaminations, permettant au gouvernement de se concentrer sur un retour de la croissance. Si les ménages ont réussi à accumuler une épargne relativement importante ces derniers trimestres, les autorités souhaitent motiver son utilisation. Couplées à un impact réduit de l’épidémie, les mesures de soutiens budgétaire et monétaire rassurent les investisseurs.

Après un début d’année en fanfare en Europe mais plus modéré aux Etats-Unis, nous restons attentifs aux valorisations et profitons des séances de rebond pour matérialiser des profits. Sur les niveaux actuels, nous surveillons de près les différents indicateurs économiques afin de ne pas prendre de risque prononcé sur nos allocations géographiques. En parallèle, nous continuons de repondérer nos expositions aux marchés obligataires en augmentant la sensibilité aux taux des portefeuilles.

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