TRUMP PORTE LES ETATS-UNIS ET CREUSE L’ECART AVEC L’EUROPE
Les marchés ont évolué en ordre dispersé au mois de novembre. Les Etats-Unis récoltent le résultat des élections avec l’indice large S&P 500 qui affiche une progression de 8,6 % en euros, et un dollar qui retrouve des sommets. En revanche, l’Europe marque le pas et subit les suspens politiques allemands et français. Le CAC 40 affiche une performance mensuelle négative de – 1,57 %, portant son repli annuel à – 4,08 %, tandis que l’indice STOXX Europe 600 progresse modestement (+ 0,96 %) reflétant une dynamique plus prudente sur le continent.
Surveillée de près, la victoire de Donald Trump a été saluée par les marchés financiers. Face à une politique économique favorable à des réductions d’impôts et à la déréglementation, les indices américains ont repris leur marche. L’analyse des flux montre un engouement historique pour les actions américaines dans une réelle euphorie à court terme. Les marchés pourraient ajuster leurs attentes à mesure que les politiques de la nouvelle administration se préciseront dans la mesure où des sujets relatifs à l’inflation pourraient entrer en jeu et modérer les attentes de baisses de taux. La nomination de Scott Bessent comme secrétaire au Trésor a rassuré sur ce point alors qu’il prévoit de mettre en œuvre un programme combinant baisses d’impôts, déréglementation et investissements privés. Afin de limiter l’impact budgétaire, il envisage des réductions de dépenses publiques, notamment en gelant les dépenses discrétionnaires non liées à la défense. Donald Trump a en parallèle confirmé sa volonté d’augmenter les droits de douane sur les produits chinois. Pour le moment, ces éléments ne semblent pas perturber les prévisions de la FED. L’institution reste flexible, bien qu’elle ait insisté sur le fait que les impacts de la politique économique à venir n’ont pas encore été discutés.
En Europe, le tableau est médiocre. La Commission européenne a validé les projets budgétaires de tous les États membres, sauf celui des Pays-Bas jugé trop dépensier. Malgré son statut de « mauvais élève », la trajectoire de réduction du déficit public proposée par la France a été estimée crédible. Cependant, l’instabilité politique pèse toujours sur l’indice parisien et l’adoption du budget 2025 reste incertaine en raison de la majorité relative du gouvernement à l’Assemblée nationale. Le Rassemblement national pourrait soutenir une motion de censure contre le gouvernement Barnier si aucun compris n’est trouvé, ce qui entrainerait la démission du gouvernement et le rejet du budget. Malgré ces risques, l’agence S&P a maintenu la note de la France à AA- avec une perspective stable, soulignant les forces structurelles de l’économie française.
La Banque du Japon semble se préparer à de nouvelles hausses de taux directeurs, sur fond de données nuancées. Si les chiffres des prix de gros ont laissé entrevoir des pressions inflationnistes qui se renforcent, l’inflation japonaise ralentit en octobre, notamment du fait de la baisse des prix de l’énergie. Cependant, l’attention se porte sur plusieurs éléments : l’inflation reste au-dessus de la cible et l’inflation sous-jacente suit une tendance haussière depuis juillet, portée par la hausse des prix des services. Tokyo, généralement en avance sur la donnée nationale, montre une accélération en novembre. Ces facteurs renforcent l’hypothèse d’une boucle prix-salaires durable, justifiant une poursuite de la normalisation de la politique monétaire. Certains investisseurs estiment que la BoJ pourrait relever ses taux dès sa réunion du 19 décembre, ce qui soutient le yen.
Le retour des espoirs en Chine ? Bien que la production industrielle reste pénalisée par la faiblesse de la demande mondiale, l’économie chinoise a envoyé des signaux encourageants et la demande intérieure montre des signes de redressement. Cette amélioration reflète les premiers effets positifs des mesures de soutien à la consommation mises en place. La perspective d’un soutien supplémentaire semble renforcer la confiance. Cet optimisme s’est traduit par une hausse des dépenses lors de la « Golden Week » début octobre. Si ces efforts de relance continuent de porter leurs fruits, le PIB chinois pourrait se rapprocher des objectifs fixés et permettre la poursuite du rebond des actions initié cet été. La défiance vis à vis du marché européen et particulièrement pour les valeurs françaises peut perdurer avec l’agitation politique actuelle. Nous repondérons peu à peu les actions dans l’espoir d’une fin d’année moins défavorable pour l’Europe. La parité euro / dollar sera également surveillée, pouvant nous amener à couvrir certaines positions en dollar pour cristalliser nos gains.