Edito

Pas de cadeaux pour les marchés

L’éditorial du 30 décembre 2022

Les marchés auront clôturé 2022 dans le rouge. La Bourse de Paris a signé sa pire performance annuelle depuis quatre ans, et la majorité des indices a accusé un repli sous les effets des politiques monétaires et du conflit aux portes de l’Europe. Le mois de décembre n’aura quant à lui pas illustré l’habituel rallye de fin d’année.
Sur le plan géopolitique, le conflit en Ukraine perdure et Moscou répond aux sanctions occidentales.

Les États membres de l’Union européenne se seront finalement accordés sur un price cap, adoptant un mécanisme de plafonnement des prix du gaz fixé à 180€/MWh. Alors que l’Allemagne était initialement réticente, il semblerait que les garanties de suspension de ce plafond en cas de situations spécifiquement définies aient finalement été convaincantes. A cet égard, Moscou a répondu en interdisant d’exporter à destination des pays appliquant ces sanctions. En effet, sous les effets de la rechute des cours et de l’embargo de l’Europe sur le pétrole, les recettes provenant des exportations russes font face à des vents contraires. Dans ce contexte, le rouble russe revient progressivement vers son niveau d’avant-guerre. Si la réponse de Moscou semble jusqu’ici timide, la Russie pourrait sans doute attendre d’avoir plus de visibilité sur l’impact durable des sanctions occidentales avant de répondre plus fermement.

 

Par ailleurs, les désaccords entre Washington et Bruxelles persistent. 

Alors que l’Europe tente de défendre ses industries, les mesures protectionnistes de la loi Inflation Reduction Act de Washington sont sources de tensions. Adoptée cet été, cette loi vise notamment à subventionner les industriels ainsi que les ménages américains afin d’accélérer le processus de transition énergétique, pénalisant ainsi les industriels européens. Toutefois, Washington a annoncé que les entreprises européennes concernées pourraient potentiellement bénéficier des subventions mises en place, notamment pour l’achat de véhicules électriques. Même si incomplète, la prise en compte des intérêts de l’Europe par les États-Unis rassure. La prudence reste néanmoins de mise pour les européens qui n’ont plus que deux mois pour tenter de désorienter la position américaine, et limiter ainsi le retentissement sur les industriels européens.

En Chine, la fermeture de l’économie n’est pas à l’ordre du jour, mais la situation inquiète toutefois le reste du monde. 

Les perspectives de réouverture avaient lancé un vent d’optimisme sur les marchés qui anticipaient le rebond de l’économie chinoise en 2023, et ainsi un coût d’accélérateur favorable à la croissance mondiale. Toutefois, il semblerait que l’abandon de la stratégie « zéro-Covid » s’accompagne en premier lieu de craintes relatives aux contaminations, alors que le système hospitalier chinois commence à présenter de nombreux signes de tension. Les Etats-Unis, le Japon et l’Italie ont dans ce cadre réinstauré des restrictions spécifiques à l’entrée sur le territoire pour les voyageurs en provenance de Chine. Face à la menace grandissante de propagation du virus, les risques pour la croissance chinoise à court-terme sont baissiers. S’il existe un risque que les prochaines semaines fassent l’objet de perturbations des chaînes de production, les actifs sensibles aux aléas de la Chine, à l’instar du pétrole, seront à surveiller.

 

Dans cet environnement, le chemin à parcourir pour les banques centrales reste important. 

En zone euro, la BCE surveille l’activité économique et l’emploi afin d’éloigner les craintes relatives à la spirale inflation-salaires. Les dernières données publiées illustrant le ralentissement de l’octroi de prêts ainsi que la contraction des ventes de détail en Espagne constituent en cela des signaux positifs. Aux Etats-Unis, les pressions inflationnistes sur le marché du travail continuent de témoigner des tensions toujours élevées propices aux effets de second tour. Même si le retour vers une cible d’inflation à 2 % prendra du temps, la pérennité des politiques monétaires restrictives reste un débat.

 

François ChauletPrésident de Montségur

Le millésime a pris fin sur un mouvement de regain d’appétit pour le risque mais les sujets de fond sont encore d’actualité pour la nouvelle année. Les marchés abordent 2023 dans un environnement où les problématiques énergétiques, la géopolitique, l’inflation ainsi que les politiques monétaires des banquiers centraux font toujours l’objet de questionnements. Compte tenu des perspectives croissantes de récession qui se profilent, nous conserverons un biais prudent au cours du premier semestre. Le second semestre devrait quant à lui voir un discours moins restrictif de la part des banques centrales, offrir davantage de visibilité, et permettre ainsi de graduellement renforcer l’exposition au risque.

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