Edito

Octobre gris foncé

Tandis que le conflit russo-ukrainien perdure, les investisseurs restent attentifs au risque d’escalade du conflit au Moyen-Orient sans pour autant qu’il n’ait un impact significatif sur les marchés financiers. La prudence a été de mise ce mois-ci, avec des séances évoluant en ordre dispersé. La bourse de Paris clôture en baisse de 3,5 %, à l’instar du S&P 500 qui recule quant à lui de 2,2 % en devise comparable.

Les indicateurs PMI publiés en octobre ont mis en évidence le différentiel d’activité entre l’Europe et les Etats-Unis. En Europe, le ralentissement économique se poursuit, ayant ainsi ouvert la porte à une pause de la part de la Banque centrale européenne après 10 hausses consécutives des taux directeurs. Si les indicateurs d’activité avancés (PMI) sont en territoire de contraction, le ralentissement économique témoigne quant à lui de la transmission de la politique monétaire. Christine Lagarde a naturellement expliqué s’être fondée sur ces éléments pour prendre sa décision, n’écartant toutefois pas un nouveau relèvement. A l’inverse, l’hypothèse d’une baisse des taux directeurs à court-terme reste exclue. Largement attendue, la pause de l’institution n’a pas suscité de réaction trop prononcée sur les marchés.

A l’instar de son homologue européen, la Réserve Fédérale a maintenu le niveau de ses taux directeurs. Face aux statistiques économiques moins favorables, malgré des indicateurs qui ont positivement surpris, et la potentielle fin du resserrement monétaire, l’appétit pour le risque a été retrouvé. S la décision du maintien des taux était largement attendue, Jerome Powell n’a pas fermé la porte à de nouveaux relèvements. Néanmoins, il a refusé de confirmer les derniers « dots » qui misaient sur une nouvelle hausse de taux. Les investisseurs semblent désormais considérer que les taux ont atteint leur pic et que les conditions sont suffisamment restrictives pour ramener l’inflation à 2 %. Compte tenu de la résilience de l’économie, cela prendra du temps et aura ainsi une incidence sur la durée du maintien des taux aux niveaux actuels. Dans cet environnement, la perte de vigueur du billet vert reste à surveiller.

L’activité chinoise déçoit de nouveau, mais l’atteinte de son objectif de croissance semble réalisable. Tandis que la croissance de l’année 2022 a été révisée à 3 % avec un rebond plus net de l’activité en fin d’année, les données du PIB du troisième trimestre ont quant à elles dépassé les attentes. L’atteinte de la cible de croissance à 5 % paraît désormais assurée puisqu’il faudrait constater une contraction de l’activité au quatrième trimestre pour que l’objectif ne soit pas atteint. Toutefois, la crise immobilière continue de peser sur la confiance et pèsera, à terme, sur la richesse ainsi que la consommation des ménages. De surcroit, la publication des indicateurs PMI du mois d’octobre a peint une contraction de l’activité manufacturière, avec une industrie chinoise de plus en plus affectée par le ralentissement de la demande mondiale. Si de nouvelles annonces budgétaires ont été dévoilées dans le but de soutenir le rebond de l’économie chinoise au moins à court-terme, le marché semble estimer que les efforts du gouvernement devront être accentués pour effectivement tenir l’objectif de croissance.

Sous pression, la Banque du Japon avance. Justifiant son action par l’amélioration de l’environnement économique, l’institution a décidé de revoir sa politique monétaire en ajustant son « yield curve control ». En effet, l’évolution de la croissance ainsi que le niveau de l’inflation ont positivement surpris l’institution qui a de ce fait sensiblement revu à la hausse les perspectives pour 2024 et 2025. Elle anticipe dans ce cadre une inflation sous-jacente à 1,9 % d’ici 2025, alors que la cible est de 2 %. En parallèle, le gouvernement a annoncé un plan de soutien à l’économie de plus de 100 milliards de dollars, englobant notamment des aides financières, des réductions d’impôts ou encore des subventions visant à compenser la hausse des prix du pétrole et de l’électricité. L’impact de ce plan dont les détails sont encore inconnus reste à surveiller, l’objectif étant in fine de favoriser une inflation proche de la cible.

Si à court-terme les fondamentaux semblent pénalisés par des conditions de financement restrictives, les indices ont sans doute été un peu trop survendus et pourraient avoir trouvé un support. Il convient de rester sélectifs sur les actions, avec des valeurs de qualité, peu endettées et leaders sur leur segment d’activité. Sur le marché obligataire, nous continuons de nous positionner sur les maturités courtes avec un risque de signature mesuré, dans l’attente de meilleures indications sur l’action à venir des banquiers centraux qui semblent, au-delà de leurs discours volatiles, être parvenus au terme de leurs resserrements monétaires.

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