NOUVELLE ANNÉE, NOUVELLE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
En ce début d’année, les indices américains ont dû affronter une secousse suite à l’essor de DeepSeek, une IA chinoise dont les performances rivalisent avec ChatGPT, tant en termes de performances que de coûts. Aux yeux des investisseurs, l’essor de ce concurrent a remis en question le modèle économique du secteur et les perspectives des géants comme Nvidia. L’impact de cette percée a dépassé les frontières, affectant aussi le secteur technologique européen. Les indices américains commencent l’exercice timidement, avec un S&P 500 en hausse de 2 % en euros, suivi par le NASDAQ en hausse de 1,5 %. En revanche, les marchés européens se sont démarqués à la hausse : l’indice large STOXX Europe 600 termine en hausse de 6,2 %, tandis que le CAC 40 progresse même de 7,7 %.
Aux Etats-Unis, les regards se sont tournés vers Washington après l’investiture de Donald Trump. A peine installé, le Président commence à souffler le chaud et le froid, notamment en instaurant des droits de douane contre le Canada, le Mexique, et la Chine. La réaction a été assez prononcée sur les marchés, avec notamment l’envolée du billet vert et la progression du pétrole vers 76 $ le baril. Trump a également pointé l’Union européenne comme prochaine cible, exacerbant les craintes. Si les menaces sont fortes, l’application est dans un premier temps repoussée car il semble que Trump utilise désormais ces “tarifs” dans un objectif plus large d’intérêts politiques ou géopolitiques. En parallèle, la Fed a décidé de maintenir inchangée sa fourchette de taux directeurs. Cette décision est en ligne avec la résilience de la croissance américaine et le niveau de l’inflation. La Fed attend des signaux plus clairs avant de continuer sa normalisation, et la prochaine estimation du PIB sera un élément clé.
En Europe, la BCE poursuit son assouplissement monétaire et baisse ses taux directeurs de 25 pb, pour un taux de dépôt désormais à 2,75 %. Cette décision est motivée par le ralentissement de l’inflation et la faiblesse des perspectives économiques. La politique monétaire restrictive a en effet eu un impact négatif sur l’activité en zone euro. L’incertitude actuelle est accentuée par les tensions commerciales avec les États-Unis et les troubles politiques en France et en Allemagne. Cette faible dynamique devrait se refléter dans les premières estimations du PIB au T4 2024. L’institution devrait se concentrer sur le taux terminal, et sur la surveillance des décisions économiques de Donald Trump.
Du côté des émergents, l’économie chinoise a atteint son objectif de croissance de 5 % en 2024 grâce aux mesures de relance mises en place depuis l’été. La croissance s’est accélérée au dernier trimestre, portée par l’industrie et le commerce extérieur, notamment en anticipation de tensions commerciales/ Le défi des autorités est désormais de stimuler la consommation intérieure pour compenser un ralentissement du commerce extérieur. En parallèle, les indices PMI chinois de janvier ont peint un ralentissement de l’économie. L’évolution de l’activité au Nouvel An chinois et les annonces de soutien budgétaire attendues en mars seront des indicateurs clés pour la trajectoire économique de 2025.
La Banque du Japon poursuit sa lente remontée des taux dans un contexte d’inflation et d’amélioration des perspectives économiques. Après avoir préparé le terrain par une communication progressive, l’institution a relevé son taux directeur à 0,5 %. La BoJ souligne la reprise des prix des services soutenue par des augmentations de salaires. Cette dynamique reflète la montée en puissance d’une boucle « prix-salaires » vertueuse, renforcée par des anticipations positives en amont des négociations salariales du printemps. Par ailleurs, l’institution prévoit une croissance économique supérieure à son potentiel au cours des prochaines années, ce qui devrait maintenir des tensions sur le marché du travail et entretenir une inflation durablement au-dessus de 2 %. La BoJ pourrait continuer à relever ses taux au troisième trimestre. Ce resserrement progressif contribue à la remontée des taux souverains japonais et soutient l’appréciation du yen, qui bénéficie de la réduction de l’écart de rendement avec les États-Unis. Si l’Europe fait face à des défis, les niveaux de valorisation présentent toujours un potentiel, d’autant que les investisseurs pourraient peu à peu retrouver un intérêt pour la zone. Aux Etats-Unis, nous désensibilisons les surexpositions des indices en favorisant les supports indiciels équipondérés afin d’éviter toute mauvaise surprise sur les mastodontes du secteur de la technologie. Sur les marchés obligataires, le rendement offert par le court-terme devenant de moins en moins compétitif, nous augmentons graduellement la duration de nos expositions et passons en revue nos allocations. Les variations du billet vert seront un indicateur clé de visibilité pour les mois à venir.