LES MARCHÉS FINANCIERS EN AOÛT : ENTRE REPRISE ET INCERTITUDE
Après une période de stress initiée à la mi-juillet, les marchés ont finalement décidé de repartir de l’avant pour terminer août dans le vert et effacer l’essentiel du repli. Les marchés américains ont devancé l’Europe, soutenus par les publications encourageantes du PIB et par la forte reprise des poids lourds technologiques. La forte appréciation de l’euro a toutefois mitigé cette avance. Cette période aura montré que le véritable moteur de la performance des marchés reste les valeurs technologiques, d’autant plus surveillées dans leurs publications que leurs multiples élevés ne laissent pas de place pour la déception. Le STOXX Europe 600 progresse de 1,3 % sur le mois, tandis que son homologue américain S&P 500 reste stable, exprimé en euros.
Au Moyen-Orient, l’incertitude liée au risque d’escalade persiste tandis que les efforts diplomatiques se multiplient. Entre les espoirs de paix et la menace d’embrasement du conflit, le cours du Brent a fait preuve de volatilité en réponse aux divers scénarios.
Aux Etats-Unis, les regards se sont tournés vers le symposium de Jackson Hole. Jerome Powell a profité de l’évènement pour ouvrir la porte à une réduction des taux directeurs dès la réunion de septembre. Soulignant la détérioration du marché du travail, il a précisé que l’institution ne souhaitait pas que la situation s’aggrave davantage tandis que l’inflation évolue favorablement vers la cible. Powell a ainsi rappelé le double mandat de la Fed – stabilité des prix et plein emploi – et la nécessité d’assouplir la politique monétaire pour atteindre ces objectifs. Toutefois, l’absence de précision sur le rythme des baisses de taux ne permet pas de valider l’approche agressive des marchés financiers.
Au Japon, l’économie repart de l’avant et les regards sont tournés sur l’inflation. D’une part, les chiffres de croissance du PIB au second trimestre ont été meilleurs qu’attendu, principalement soutenus par une hausse de la consommation. Les hausses salariales portent la demande des ménages et justifient l’intervention de la Banque centrale. D’autre part, l’inflation présente un tableau contrasté : l’inflation générale reste stable mais ses composantes sous-jacentes ralentissent tandis que l’inflation importée poursuit sa hausse. Ces trajectoires ne devraient pas détourner l’institution de sa volonté de poursuivre le resserrement monétaire car l’inflation reste bien supérieure à la cible. La BoJ pourrait attendre le début de 2025 pour relever à nouveau les taux. A noter, le vice-président de la Banque du Japon a précisé que l’institution n’augmenterait pas ses taux en cas d’instabilité des marchés financiers, soulignant leur prudence. En réaction, le yen s’est encore déprécié face au dollar.
Sur fond de guerre commerciale, les indicateurs économiques chinois envoient des signaux contrastés. Bien que le secteur des services montre des signes de reprise, la demande intérieure demeure faible et la confiance des ménages continue de se détériorer. Malgré les mesures de relance adoptées par Pékin, les défis structurels tels que la crise immobilière et les sujets d’endettement persistent. Dans ce contexte, le gouvernement a précisé les mesures visant à soutenir la croissance. Les autorités ont axé leur soutien sur les ménages, notamment par des aides financières aux petites entreprises du secteur des services, des déductions fiscales pour la garde d’enfants ou encore des allègements liés aux coûts des soins aux personnes âgées. Pour rappel, le gouvernement chinois a fixé un objectif de croissance annuelle de 5 % pour 2024. En parallèle, l’inflation a rebondi au-delà des attentes en juillet, principalement en raison de la hausse des prix alimentaires. Ces problématiques sont d’autant plus surveillées que les tensions commerciales s’intensifient. Après les Etats-Unis et l’Union européenne, c’est désormais le Canada qui impose de nouvelles barrières aux exportations chinoises, ce qui pourrait affecter la reprise de l’industrie mondiale, un point à surveiller de près.
Ces dernières années, les marchés ont souvent dû faire face à de nouvelles turbulences au mois de septembre, face à des investisseurs qui prennent des profits au retour de la période estivale. Les publications de données économiques ainsi que leurs potentiels impacts sur les politiques monétaires seront surveillés de près. Ayant allégé nos expositions pour traverser l’été, nous profiterons des mouvements de marché pour nous réexposer progressivement en vue de l’assouplissement monétaire aux Etats-Unis. Nous resterons sélectifs, notamment sur la qualité et la valorisation des supports étudiés.
L’équipe de gestion