Edito

La rentrée des marchés

Si le mois de septembre est généralement connu pour être volatil, cette rentrée n’aura malheureusement pas fait exception, animés par les banquiers centraux et les nouveaux sommets atteints par le pétrole. La bourse de Paris s’inscrit en recul de 2,5 %, à l’instar du S&P 500 qui abandonne le même terrain en euros.

Rythmés par le risque de shutdown et les nouvelles annonces de la Réserve Fédérale, les investisseurs s’interrogent sur les Etats-Unis. Si le suspens était maigre quant au maintien des taux directeurs de la Fed, l’institution est quand même parvenue à faire réagir les actifs avec la révision haussière des prévisions de croissance et des taux de long terme. Les projections prévoient désormais un pic de taux directeurs en fin d’année. Pour l’année 2024, l’assouplissement monétaire espéré est modéré avec seulement deux baisses de taux anticipées, contre quatre précédemment. L’incertitude reste donc forte au sein de la Fed, qui guide les investisseurs vers une dernière hausse d’ici la fin de l’année. En parallèle, le risque de shutdown a rythmé les marchés, les discussions ayant longuement patinées entre les républicains et les démocrates. Somme toute, une proposition de budget a été adoptée, permettant un financement de l’administration pour 45 jours. A court-terme, le brouillard persiste encore.

En Europe, la confiance des consommateurs avait repris des couleurs mais il semblerait que les ménages se montrent encore prudents face aux craintes liées à la remontée des prix du pétrole. Cette prudence intervient alors que la Banque centrale européenne a annoncé relever de nouveau l’ensemble de ses taux directeurs de 0,25 point début septembre. Si la dégradation de la conjoncture inquiète, les investisseurs ont retenu le ton prudent de l’institution quant à la poursuite du resserrement monétaire. Désormais c’est le maintien des taux dans la durée qui sera le facteur déterminant du pilotage de l’économie.

Au Japon, la banque centrale maintient un cap contrariant malgré une inflation qui s’affirme en conservant ses taux bas. En effet, les statistiques publiées ce mois-ci ont peint une décélération des salaires décevante, n’incitant pas la Banque du Japon à agir dans l’urgence. Dans ce contexte, l’institution a laissé ses outils monétaires inchangés, pesant sur le yen. Si cette décision était attendue, les récents propos du gouverneur K. Ueda avaient laissé planer un léger doute. Toutefois, si la vigueur de l’inflation continue sur cette même lancée, la perte de pouvoir d’achat que subiront les ménages constituera un signal d’alerte pour l’institution qui se trouvera alors contrainte d’agir face à la hausse des prix. Dans ce contexte de forte baisse du yen, les autorités n’excluent pas une intervention pour soutenir la devise. Dans un contexte où le différentiel de politique monétaire favorable au Japon, et en parallèle de salaires potentiellement plus dynamiques, la Banque du Japon finira à moyen-terme par durcir sa politique monétaire et permettre ainsi au yen de regagner du terrain.

La Chine, quant à elle, conserve une conjoncture modeste mais se normalise. La publication des indicateurs avancés PMI de septembre a envoyé des signaux mitigés, avec une dynamique toutefois plus optimiste. Cette tendance s’explique par des dépenses de consommation en hausse portées en partie par la mise en oeuvre des différentes mesures de soutien du gouvernement. Au-delà du soutien des ménages, le secteur immobilier toujours en difficulté bénéficie également de mesures de soutien. A ce titre, certaines contraintes financières appliquées aux assureurs ont été assouplies, expliquant le rebond des statistiques de nouveaux crédits. Ces mesures nous semblent capables de permettre à la croissance chinoise de s’améliorer d’ici la fin de l’année. Les perspectives restent encore limitées par la faiblesse de la demande, tant domestique que mondiale, et compte tenu d’une volonté protectionniste des pays occidentaux.

Dans cet environnement, nous restons encore prudents à l’égard des actifs risqués. La consolidation actuelle peut ressembler à une pause avant une fin d’année plus favorable. Hors considération géopolitique, ce sont bien les publications de résultats d’octobre qui seront le principal déterminant du comportement des investisseurs pour la fin d’année. Le ralentissement économique largement anticipé devient une réalité à travers les indicateurs économiques. Cela provient d’une volonté de couper court à la fièvre de l’inflation, quitte à prendre le risque d’un dérapage en zone de récession et de baisse des profits des entreprises, ceci n’étant pas scénario à court-terme.

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